Line Bøhmer Løkken vit et travaille à Oslo.
Elle est diplômée de l'université du film et de la photographie de Göteborg. Elle travaille principalement avec la photographie et s'intéresse thématiquement à la manière dont nous sommes liés à différents lieux et dont nous en faisons l'expérience, à travers l'architecture, les personnes ou les objets qui les définissent.
Cette exposition est la suite d’une activité que nous souhaitons développer à la Foulerie, avec des résidences de création en lien avec le lieu et ses alentours.
« Chorégraphie avec des pommes de terre et de la farine » A l’occasion de la remise en route de l’ancien four à pain de la Foulerie à Ver, nous exposons pendant l’été dans la Boulangerie un extrait du travail photographique de Line Bøhmer Løkken sur son père boulanger.
Ce savoir corporel, que nous appelons souvent le savoir silencieux, ne peut être acquis que par l'expérience pratique et l'entraînement. On peut peut-être dire que ce savoir porté par les mains est la base primordiale de tous les autres savoirs. Ce que nous savons simplement. »
Nous sommes entraînés dans un univers farineux et tactile. Ces mains travaillent rapidement et avec précision. Elles savent ce qu'il faut faire sans y penser.
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Chorégraphie avec pommes de terre et farine
Extrait du livre d'or :
"Dans ce lieu comme celui-là se dégage la poésie de celles et ceux qui savent faire quelques chose de leurs mains en accord avec la nature et les gens. J'ai immédiatement pensé au poème de Francis Ponge : Le Pain " Frédérique Bruyas
LE PAIN
La surface du pain est merveilleuse d'abord à cause de cette impression quasi panoramique qu'elle donne : comme si l'on avait à sa disposition sous la main les Alpes, le Taurus ou la Cordillère des Andes.
Ainsi donc une masse amorphe en train d'éructer fut glissée pour nous dans le four stellaire, où durcissant elle s'est façonnée en vallées, crêtes, ondulations, crevasses... Et tous ces plans dès lors si nettement articulés, ces dalles minces où la lumière avec application couche ses feux, - sans un regard pour la mollesse ignoble sous-jacente.
Ce lâche et froid sous-sol que l'on nomme la mie a son tissu pareil à celui des éponges : feuilles ou fleurs y sont comme des sœurs siamoises soudées par tous les coudes à la fois. Lorsque le pain rassit ces fleurs fanent et se rétrécissent : elles se détachent alors les unes des autres, et la masse en devient friable...
Mais brisons-la : car le pain doit être dans notre bouche moins objet de respect que de consommation.
Francis Ponge - Le parti pris des choses (1942)
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